Lawan Ibrahim Maazou
Lawan Ibrahim Maazou #Kakatchi
est né le 20 décembre 1985 à Zinder, au quartier Birni. Formateur en soudure, il est également sculpteur. Il est le petit fils de Maazou Dan Allalo, cet illustre chanteur et poète des sultans du Damagaram. Pour cela, et à juste titre, on lui donne le nom d’artiste de Maazou.
Sa passion pour cet art, il a grandi avec. En effet, dès sa tendre enfance, Maazou aimait fabriquer des voitures en fil de fer pour jouer. Et à partir de sa classe de CM2, à les vendre à cent, voire deux cents francs cfa, pour s’acheter chaussures et même habits de rentrée des classes.Sa véritable carrière artistique commence en 2004, lorsque Sylvie Guellé, alors directrice du CCFN (Centre Culturel Franco-Nigérien) de Zinder, qui remarque Maazou, est frappée autant par son jeune âge que par son talent prometteur et son style. Elle lui passe des commandes d’œuvres qui vont orner la devanture des édificesdu Centre Culturel. Cette opportunité met l’artiste en contact direct avec le public.Maazou fait de l’art contemporain. “Je fais, dit-il, de l’abstrait. Et même quand je fais du naïf, et queje sculpte des crapauds ou des lézards, chaque représentation a une part d’abstrait. ” Ses œuvres sont au service de l’utilitaire et de l’esthétique. Les tables, et autres objets d’intérieur, à la finition soignée, sont d’un design futuriste. Les lignes des sculptures laissent paraître de quelles hauteurs sont les profondeursdu génie de ce créateur.
Ce sculpteur a ses sources d’inspiration. Elles viennent, explique-t-il, “de tout ce qui m’entoure, de mon contact frontal avec la vie quotidienne, del’histoire de mon terroir, de mes rêves d’homme et de mes visions d’artiste.”Les matériaux qui entrent dans la composition deses œuvres sont multiples. Outre le fer, la planche, le bois, la tôle, l’argile, le plastique, la calebasse, la peinture, qu’il achète dans les commerces, il fait du ramassage de matériaux derécupération qu’il combine ou soude lui-même dans son atelier qui jouxte la grande mosquée de Birni.Les difficultés que rencontre cet artiste rejoignent celles que rencontrent presque tous les artistes nigériens. Elles sont d’abord financières. “Il arrive que je porte le projet de faireune exposition. Si je n’ai pas de quoi acheter le matériel, cela me bloque. L’appui qu’on est en droit d’attendre là dessus est celui du ministère. ”Or, la majorité des artistes, surtout ceux de l’intérieur du pays, ne bénéficient pas de l’appui du ministère de la culture. “En plus, remarque Maazou, le ministère fait preuve de mauvaise foi lorsqu’il n’aide que les artistes qui déposent des dossiers de demande d’appui. Cela ne contribue qu’à favoriser les magouilles et les combines descadres du ministère et ce n’est pas nécessairement ceux qui méritent une aide qui la reçoivent ”.De dépit, d’ailleurs, il ajoute : “En tant qu’artiste, j’ai représenté mon pays, à deux reprises, sur le plan international. D’abord aux premiers jeux de la CENSAD de Niamey où j’ai décroché une médaille d’or. Ensuite aux 6èmes jeux de la francophonie du Liban. Mais je n’ai jamais reçu même un seul franc d’aide du ministère ”.Outre ces problèmes traditionnels d’artiste, Zinder est un milieu dominé par l’Islam, qui considère la sculpture comme profane.
Maazou, face à cette évidente situation, a heureusement trouvé la parade appropriée : “ L’Islam interdit de sculpter les statues pour prévenir l’idolâtrie. C’estd’ailleurs pour cette raison que je me suis lancé dans le style abstrait. ”De son voyage au Liban, l’artiste a tiré un enseignement. “ Je n’ai pas gagné certes. Mais j’ai compris qu’il faut investir dans l’art pour obtenir un excellent résultat. Et j’ai découvert qu’ilfaut se frotter aux autres pour connaître la valeur du travail qu’on fait. ”Malgré tous les défis que doit relever l’artiste au Niger, le pays où l’art ne nourrit pas son homme, Maazou trouve des satisfactions dans son art : “ J’ai fait beaucoup d’expositions. En 2004, j’ai assisté à une exposition de quarante artistes plasticiens du Niger dans le hall du Musée national de Niamey. Au CCFN de Zinder, j’ai fait deux grandes expositions. À chacune d’elles, plusde la moitié de mes œuvres ont été vendues. Je suis vraiment très content de voir que mon travailest reconnu par les gens de ma localité qui m’apportent leur soutien. ”Maazou, néanmoins, pour l’avenir de son art, n’estpas sans inquiétudes. “ Il ya des jeunes qui veulent se lancer dans l’art. Mais quand ces derniers voient comment l’artiste nigérien vit de façon aussi misérable… Qu’ils voient que, lui, qui est censé être la lampe qui éclaire sa société, vit lui même dans les ténèbres, n’est pas pour les encourager ! ”
Participant de jeux de la Francophonie session 2017 Abidjan
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